De quoi s’agit-il?
Le lycopène fait partie des caroténoïdes, pigments végétaux liposolubles responsables de la couleur des fruits, légumes, fleurs et algues, et qui se divisent en 2 familles: ceux transformés en vitamine A par l’organisme, comme le β-carotène, et les autres, dont le lycopène. Le lycopène est un pigment rouge retrouvé principalement dans la tomate, mais aussi des fruits dont la pastèque rouge, la papaye, la goyave, le pamplemousse rose. Il est également présent dans certains champignons. Sa consommation moyenne en France est estimée à 5mg par jour et pourrait aller jusqu’à 20mg par jour chez les grands amateurs de fruits et légumes. C’est le caroténoïde le plus abondant dans l’organisme où il s’accumule plus particulièrement au niveau du foie et de la prostate, mais aussi de la peau.
Quelles sont ses particularités?
La biodisponibilité du lycopène est considérablement augmentée par la cuisson et/ou par son ingestion avec des matières grasses: une sauce tomate cuisinée avec un corps gras est ainsi une meilleure source de lycopène que des tomates crues. Sa biodisponibilité pourrait aussi dépendre d’autres constituants présents dans les aliments.Ses capacités antioxydantes puissantes ont conduit à rechercher les bénéfices potentiels de son utilisation en dermatologie, en cancérologie et dans les troubles cardiovasculaires, notamment.
Lycopène : que disent les études?
Dermatologie: certaines études semblent montrer qu’un régime riche en caroténoïdes ou en associations d’antioxydants (lycopène, β-carotène, vitamines C et E, sélénium) ont des effets protecteurs cutanés et seraient associés à une diminution de l’érythème cutané induit par les ultraviolets. D’autres publications ne confirment pas ces données. Dans tous les cas, ces effets potentiellement photoprotecteurs sont considérablement inférieurs à ceux obtenus avec l’utilisation de protecteurs solaires topiques. Des études ont par ailleurs mis en avant une augmentation du risque de cancer de la peau chez des femmes supplémentées en β-carotène et en antioxydants.
Cancers: plusieurs études épidémiologiques ont pointé une relation inverse entre une consommation riche en tomates et dérivés (sauce tomate, par exemple) et le risque de cancer, en particulier de la prostate. Certaines études cliniques relèvent une diminution du taux de prostate-specific antigen (PSA) chez des patients recevant 30mg par jour de lycopène. Une revue Cochrane en 2011 a conclu toutefois à l’absence de données robustes quant aux effets du lycopène sur la prévention du cancer de la prostate.
Hypertrophie bénigne de la prostate: quelques études suggèrent qu’une supplémentation en lycopène pourrait améliorer les symptômes de l’hypertrophie bénigne de la prostate.
Maladies cardiovasculaires: certaines études épidémiologiques montrent une tendance à la diminution des événements cardiovasculaires chez des femmes fortes consommatrices de tomates. Les résultats des études cliniques visant à montrer une réduction du LDL-cholestérol par le lycopène ou à réduire les pathologies cardiovasculaires restent contradictoires.
Qu’en pensent les autorités?
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) estime probable que le lycopène participe à la prévention de certaines pathologies chroniques dégénératives (telles les maladies cardiovasculaires et les cancers) en complément ou en synergie avec d’autres micronutriments apportés par les fruits et les légumes. Cette action n’est toutefois pas suffisamment documentée et surtout, lors d’administrations sous la forme de tomates ou de produits riches en lycopène – qui suggèrent parfois une action intéressante –, pourrait être liée à d’autres substances. Aucune allégation ne lui est reconnue.
A quelle dose est-il utilisé?
La dose journalière acceptable (DJA) pour le lycopène, toutes sources confondues, est de 0,5mg/kg par jour. Dans les compléments alimentaires, la dose journalière recommandée est fixée à 15mg par jour.
Lycopène : quelles précautions?
Aucun effet indésirable n’est rapporté à court terme. A long terme, des données montrent un effet délétère de la prise d’associations d’antioxydants renfermant du β-carotène, avec notamment un risque accru de cancer du poumon à haute dose (au moins 20mg par jour) chez les fumeurs. Certains auteurs s’interrogent sur les risques relatifs à d’autres caroténoïdes, dont le lycopène. Leurs effets antioxydants à dose physiologique pourraient s’avérer pro-oxydants à dose élevée, incitant à la prudence.
Sources: saisines nos 2004-SA-033et 2010-SA-0028, Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa); «Nutrition et prévention primaire des cancers: actualisation des données», Institut national du cancer, juin2015; «Photoprotection», Thérapeutique dermatologique, 2012; «Utilisation du lycopène dans la prévention du cancer de la prostate», Cochrane, 2011; «Lycopene and risk of prostate cancer : a systematic review and meta-analysis», Medicine, 2015; «Lycopene inhibits disease progression in patients with benign prostate hyperplasia», The Journal of Nutrition, 2008; Conception des compléments alimentaires, Lavoisier Tec & Doc, juin2016; arrêté du 26septembre 2016 établissant la liste des substances à but nutritionnel ou physiologique autorisées dans les compléments alimentaires et les conditions de leur emploi, Journal officiel du 7octobre 2016; «Scientific opinion on the substantiation of health claims related to lycopene and protection of DNA, proteins and lipids from oxidative damage, protection of the skin from UV-induced (including photo-oxidative) damage, contribution to normal cardiac function, and maintenance of normal vision pursuant to article 13(1) of regulation (EC) n°1924/2006», Efsa Journal, 8 avril 2011.